retour sur un débat dans les termes tels qu’ils étaient posés au début des années 2000…
L’Ecole serait-elle un « endroit réservé » ? Faut-il mettre la « culture des jeunes » dans l’Ecole ? La « culture des jeunes » est-ce seulement la jeunesse ? Pour la Présidente de la Ligue Française de l’Enseignement, il est évident qu’il faudrait un « s » à cultures, issues de milieux sociaux, d’ancrages, d’origines culturelles, de pratiques scolaires fondés sur la différence.
Mais n’accentue-t-on pas trop cette différenciation culturelle avec le numérique ?
François Dubet, sociologue, volontairement provocateur, parle de l’école « construite comme un ordre régulier », dont le monopole est en train de se décomposer par la démocratisation de l’enseignement.
Alors, faut-il fermer l’Ecole ? Ou faut-il plutôt l’ouvrir complètement ?
La question est ailleurs : c’est un problème de rapport et de nature entre deux cultures qui cohabitent dans le même espace.
Dans le cadre de la Mission pour les Arts et la Culture, on se demande s’il faut parler de culture(s) ou de sous-culture(s), de démocratie ou de démocratisation culturelle ?
Réactions diverses au débat :
– Les cultures juvéniles n’appartiennent qu’aux jeunes. Il y a donc phénomène de marginalisation. Ils veulent une expérience culturelle unique et « privée ». L’intrusion de l’adulte est une agression.
– Les enfants ont de réels intérêts culturels. Ils attendent que les enseignants donnent des réponses aux questions réellement posées. Les « bons » enseignants savent le faire depuis longtemps.
– Il est dangereux de séparer les deux cultures. On tombe dans le vieux débat entre naturalisme et culture scolaire formaliste.
– L’Ecole a permis à tous les milieux l’accès à une culture dont ils ne pouvaient disposer avant, et elle continue. Il y a, actuellement, une explosion d’expériences qui, avec l’aide de partenaires, associent connaissance et plaisir. Car il est vrai que les cultures scolaires académiques sont trop évaluatives, trop contrôlées, trop créatives. La formation des enseignants est un faux problème : pourquoi toujours responsabiliser les institutions ? N’est-ce pas une question d’individus ?
– La culture scolaire ne se transforme pas, c’est le rapport que l’on a avec elle qui se transforme.
– La question importante reste cependant celle des « ruptures culturelles ». La façon de procéder et de parler de culture exclut certains jeunes et les humilie. Aborder « le Tartuffe » pour certains issus de l’immigration de milieu islamique exige une contextualisation de l’œuvre sinon on les « envoie au massacre », . Il y a une vraie responsabilité pédagogique et politique de l’enseignant qui a à manier les produits culturels d’une élite sociale.
– Les enseignants sont dans un carcan. Quelle est leur part de liberté ? Il faut donner du temps aux écoles.